Pilotage du coût d'un produit numérique et contraintes liées à la comptabilité
Lorsque l’on conçoit un produit numérique selon l’approche Selego, il est difficile d’avoir, au début des travaux, une idée très précise des coûts qu’il faudra allouer, puisque la construction du service suppose une adaptation permanente dans un contexte de forte incertitude (démarche entrepreneuriale et agile). L’avantage de ce mode de fonctionnement est qu’il permet d’ajuster le tir en permanence en fonction des résultats du service.
Pour faciliter le pilotage financier d’un produit, la méthode Selego a distingué 4 phases dans la vie des produits numériques :
Investigation (2 mois)
avant le lancement des travaux techniques, phase de validation du besoin utilisateur
~15k €
Construction (~12 à 18 mois)
lancement rapide d’une première version d’un produit (produit minimum viable) pour tester son utilité et juger de la pertinence d’une généralisation
au moins 1 ETP + 250k à 500k€ / an
Accélération (~12 mois)
période de croissance forte du service après la phase de construction, elle nécessite souvent, en fonction des objectifs, un renforcement temporaire de l’équipe
au moins 1 ETP + entre 500k et 2M€ / an selon la complexité du produit
Pérennisation (jusqu’à débranchement)
c’est une phase de stabilisation des coûts une fois que le service est mature. Il faut bien prévoir un coût d’exploitation annuel (= coût de fonctionnement) pour pérenniser une équipe capable d’opérer le service et de l’améliorer en continu. Il est recommandé de continuer à suivre les mesures d’impact du service chaque année pour déterminer s’il est toujours pertinent ou s’il convient de réduire l’investissement annuel / de le débrancher s’il n’est plus pertinent / de le faire évoluer si le contexte l’exige.
au moins 40% d'internalisation + coût annuel en vitesse de croisière entre 500k € et 2M € / an
En tout état de cause, il est essentiel de prévoir un budget récurrent dans le temps pour faire vivre le service numérique. Il est illusoire de penser (1) qu’il est possible de planifier les coûts d’un projet numérique de A à Z et (2) que les coûts s’arrêteront lors de sa mise en service. Nos services numériques ne sont jamais réellement « finis » et nécessitent d’être maintenus et améliorés en continu. En effet, le risque d'obsolescence est permanent, ce qui s’explique par :
- (1) l'évolution des attentes des utilisateurs et de leurs pratiques numériques (par exemple le déploiement du smartphone ces dernières années ou encore plus récemment du télétravail) ;
- (2) l'évolution rapide des technologies numériques (par exemple le développement du cloud et des API) ;
- (3) l’évolution de la réglementation qui peut influencer le service numérique, ou des priorités politiques qui comme on le sait peuvent changer rapidement et remettre en question ce qui a été fait ou ce qui est prévu.
En matière de comptabilité, il est difficile de convaincre chaque année une administration de prévoir des coûts récurrents plutôt que de prévoir un budget pour la construction d’un projet, même si la somme des coûts récurrents est bien plus faible que ce qu’aurait été le coût total du projet avec des méthodes « traditionnelles ». Une bonne pratique peut consister à prévoir une enveloppe annuelle sur-évaluée pour chaque produit numérique, quitte à la réévaluer en cours d’exercice si d’autres sources de financement sont trouvées pour la startup en cours d’année ou si la startup consomme moins que prévu.
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